C'était la fin de la saison. La Guyenne avait été sous de tels déluges de pluie en mars , que toutes les rivières débordaient. Sur la route en venant, les prairies et les champs du duché n'étaient plus que des lacs boueux. Aucun problème pour nous, le massif forestier où nous chassions était sur un plateau. Le temps était radieux sous un soleil froid de mars.
La première heure de chasse avait été sans joie. Le chien n'avait pas croisé la moindre voie de bécasse. Nous finissions la dernère tranche de bois avant la grande coupe, Chris et son pointer sur la lisière sud, puis sur la lisière nord.
Soudain, au travers du sous-bois,. En me rapprochant, je distingue son message." Fig est à l'arret"
Il me désigne un inextricable enchevètrement de troncs, les pins couchés par la tempête , où il me semble distinguer la tache blanche du pointer. Chris , décide de rester en lisière et m'envoie "au cul" du chien. Quand enfin, j'accède derrière Fig,. J'entends le froissement d'air, perçoit un mouvement entre deux troncs couchés, mais ne peux lancer ma flèche . Les bécasses, car elles sont deux, ont passé la lisière au ras du sol, avant de monter vers le ciel au milieu de la plaine. Fig ne les a pas vues passer. Ayant suivi des yeux le vol des deux bécasses au travers de la plaine fraîchement déboisées, je vois la première se poser au milieu de la grande coupe, et la seconde en bordure, au pied de deux pins caractèristiques, qui, à moitié déracinés par le vent, ressemblent à des cocotiers au bord d'un lagon de carte postale. Fig décide de traverser la coupe, dans laquelle nous ne chassons jamais, alors que je préfère longer la bordure pour gagner mes deux pins penchés.. Qui sait? Je pourrais toujours en chemin lever une autre bécasse ?
Je suis à mi-parcours, quand j'entends la belle s'envoler ...
Cela m'agace! Généralement, c'est moi qui ait de la chance. Je continue ma quête. !!
Dans le silence revenu, j'entends soudain le bruit de baisers sonores caractéristique de la bécassine des marais. Levant le nez, j'aperçois une escadrille d'oiselles zébrant le ciel au dessus de la plaine. Je suis intrigué mais décide de terminer ma quête. Arrivé aux deux pins, je fais travailler mon chien en cercles concentriques. Rien! Pas la moindre voie, mon chien ne trouve pas la remise de la bécasse.
Pendant ce temps, je continue suivant sa quète , criant puis toutes les quatre minutes. Dépité de ne pas trouver ma bécasse.Regarde puis soudain "Fig" est encore à l'arrêt"
Figé dans une posture inconfortable, la truffe tournée vers une flaque, le pointer frémit à peine, piètine les bords du sillon, jusqu'à ce qu'une boule de plume jaillisse de nulle part. La "sourde" me charge, me passe sur l'épaule, tourne derrière mon dos, repassant près de moi, volant comme un papillon énivré de soleil. Quelques pas plus loin, c'est ma flèche qui fuse vers le ciel et crochette, mais je la fauche en plein vol.Elle tombe à près de 70m sur une souche que je ne lache pas des yeux.Et précédé de mon chien , plus à l'aise que moi dans ces sillons traitreux, je cours tant bien que mal vers ma souche. J'en suis encore à une trentaine de mètres, lorsque j'atteint l'endroit de la chute.
Enfer et damnation! Je vois mon oiselle re-décoller.
Alors que freinant ma course, mon arc tendu , mon oeil scrute son vol..
"Mais!! elle est beaucoup plus grosse." Ciel! me dis je, alors que mon swing est enfin dans sa course. Je lance ma flèche et l'oiseau tombe.C'était ma dernière flèche. La matinée s'achevait en beauté.Figaro me la rapporta en remuant la queue ,en posant ses pattes sur ma poitrine fier de son maître ,puis cherchant a ce faire caresser ! ce que Chris lui prodigua fier de lui !
Dans l'après midi .
Après avoir prit le temps de se restaurer et laisser ce reposer de ses éfforts son chien ! Ils reprirent leurs quète dans le sous bois de son domaine Trois cent mètres plus loin dans les ronciers denses sur 5 à 6 mètres de large, où nous avions tué une bécasse la veille sans doute une bonne remise pour ses belles mordorées .
Au bout de cent mètres, Figaro , mon pointer, se fige en un arrêt de fer.
Eh oui, Fig était bien à l' arrêt !!! D'ailleurs, pourquoi pensez vous que je chasse aujourd'hui avec mon arc autour du cou... si ce n'est pour pouvoir en apporter la preuve à tous les Saint Thomas, qui rigolent doucement en m' écoutant porter mon chien aux nues. Voilà l'occasion rêvée. Je prend mon arc pour essayer de cadrer mon chien qui s'embue à cause du froid... Il fait encore -3°... Hélas ! Je suis deux mètres en contrebas, et la seule chose que je pourrais immortaliser, c'est le cul de mon chien en contre-plongée et son panache figé, dressé vers le ciel... Rien de moins esthétique, vous en conviendrez !
Sous mes encouragements, Fig charge dans le roncier très dense. Mais rien ne sort. L'oiseau ruse au nez du chien, qui après 5 minutes renonce et ressort à grand peine, la tête couronnée d'épines. Trente mètres plus loin, nouvel arrêt devant un bouquet d'épines noires. Le chien est de profil... Voilà elle est sans doute la !. Pour mieux le cadrer, je décide de me rapprocher un peu. J'escalade donc le talus avec des ronces à mi-cuisse. C'est le moment, que choisit la belle mordorée, pour fuser de son abri et me foncer droit entre les yeux. Je lâche ma flèche en catastrophe, en suivant la bécasse des yeux. Mes pieds sont enberlificotés dans les ronces et ne peux me tourner. Je salue néanmoins la fugarde mais sans le moindre espoir de résultat. Dans l'affolement, je rate donc, coup sur coup et de l'arrêt de mon chien et cette belle bécasse. Mais ces deux arrêts successifs sont prometteurs. Les occasions ne vont certainement pas manquer ...
Hélas ! Les deux heures, qui suivent, démentent toutes nos espérances. Quand nous arrivons enfin sur la crête du petit bois, personne n'y croit plus. Fig s'amuse avec des lapins dans les ronces et moi je joue les pisses -bouffigues. En lisière, de magnifiques houx s'épanouissent au soleil d'hiver, qui filtre dans le sous bois.
Posant l'arc au pied de l'un d'entre eux, je prends quelques branches couvertes de baies rouges et de feuilles vernissées renvoyant la lumière. Puis, me mettant à quatre pattes, je prends quelques houx du sol couvert de feuilles mortes sous le houx, pour le jour où l'envie me prendra de peindre une bécasse remisée. A vrai dire, sans bécasse devant ma vision embué, j'ai un mal fou à faire la mise au point. Mais, peu importe ! Ce que je recherche, c'est une d'ambiance, une palette de couleurs pour mes aquarelles. Soudain, . . S'ensuivent alors à un rythme rapide, le sifflement suraigu, le "frou-frou " caractéristique d'envol d'une mordorée et le cri surexcité "bécasse !! bécasse !!!"
"Ah, je pourrais vous faire l'histoire belle-belle !!" comme on dit dans le sud-ouest. Je pourrais vous dire que la bécasse est partie de sous ce houx à mes genoux..... Mais non ! Ma bécasse était exactement au bout de mon Arc, à la pointe de ma flèche, qui posé à terre, disparaît encore a moitié sous le houx à deux mètres à peine... Il est beau ce houx, peut-être plus beau . Que ne l'ai-je choisi ? Pour couronner le tout,..... me croirez vous ? Statue de marbre, nimbée de soleil dans un magnifique contre-jour, Fig reste figé dans un arrêt de fer sur cette place chaude... ........... mais évidemment, il y en avait deux ! juste le temps de prendre mon arc et ma flèche et chercher un endroit ou plus précisement l'endroit ou elle allait prendre la fuite !Cette magnifique nature de bécasse la belle s'envola en plein soleil cherchant a m'aveuglé sans doute ,un pas en avant et je la vis prendre la fuite a portée de mon arc ,le temps de l'ajustée ma flèche la foudroya en plein vol ,ce qui la fit culbutée tête première en lachant quelques plumes . Fig me la rapporta fièrement ,caresse et admiration de cet animal vénérée a ses yeux telle fut la fin de notre partie de chasse .La tête embuait ou dans ma mèmoire le souvenir de cette journée de chasse la première sur notre domaine ......Passion quand tu nous tiens ce dit il !!!!
Bon ALLEZ on rentre on fait un détour par la taverne comme ça je pourrais raconter nos exploits à Clèo!!!